FÉMINISME & MILITANTISME SEXUALITÉ

LE MYTHE DE LA VIRGINITÉ ET AUTRES A PRIORI

Image mise en avant: art by @esra_woite (Instagram).

La virginité est, selon sa définition, << l’état d’une personne n’ayant jamais eu de relations sexuelles. >> Socialement, toutefois, la virginité est perçue différemment, selon plusieurs croyances et acceptions qui se révèlent fausses.
Quand on parle de virginité, on parle aussi de l’hymen.
L’hymen, c’est le nom d’une membrane, c’est-à-dire une sorte de couvercle, qui couvrirait l’entrée du vagin et qui se déchirerait lors des rapports sexuels. Il est important de savoir que l’hymen n’existe pas dans la réalité. Ce qui existe en fait, c’est un pli de la membrane autour des bords de l’entrée du vagin, que l’on appelle la couronne vaginale. La couronne vaginale a un aspect qui diffère selon les femmes et elle n’a pas de fonction particulière.
Aussi, certaines femmes naissent sans hymen. D’autres déchirent le leur sans même le savoir: vélo, équitation, gymnastique, tampon !
Notons en plus que le saignement lors de la « première fois », interprété comme la preuve de la virginité, est en réalité une irritation des tissus du vagin, très irrigués, qui ne sont pas habitués à ce genre de « mouvements ».
Le saignement lors d’une première pénétration ou tout simplement lors d’un rapport sexuel, peut s’expliquer par des mouvements trop violents ou une faible lubrification. Le premier rapport sexuel, contrairement aux idées reçues, n’est pas sensé être douloureux ! Je vous en parle un peu plus bas.
La virginité, l’hymen en lui-même, représentent tous deux un mythe patriarcal, garant de la reconnaissance de la paternité. C’est, toutefois, dans ce sens que la virginité était érigée. Aujourd’hui, bien que les mentalités aient évolué, bon nombre de croyances perdurent. J’espère qu’après la lecture de cet article, vous serez un peu plus avancé.e, un peu plus informé.e.


Faisons un peu d’histoire, voulez-vous ?
Ce sont les Grecs qui ont inventé la science médicale en observant le corps humain. Ceux-ci vont découvrir la présence de l’hymen dans le corps de la jeune fille.
Ces médecins sont: Hippocrate reconnu comme le père de la médecine, Hérophile, inventeur de l’anatomie, Soranos, qui considérait les sages-femmes comme des soignantes à part entière, et Galien qui a multiplié les dissections.
Tous partent d’un postulat : le corps de la femme est inférieur à celui de l’homme, il est voué à l’enfantement au service des lignées masculines et de la cité. L’infériorité féminine est actée, fondée sur la philosophie d’Aristote. La médecine, qui avec Soranos parle de l’hymen, préconise un examen prénuptial dont l’objectif est de connaître la santé de la future mariée. Ce sont les Grecs qui ont inventé le fétichisme de la virginité. Les religions monothéistes ne changeront rien et chacune lui attribuera sa valeur symbolique.

L’influence de la religion

Avec l’avènement des trois religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam) la virginité est transfigurée et valorise plusieurs fonctions.

  • Pour la religion juive, la virginité authentifie la filiation et la pureté de la descendance. Dans l’espace familial et social, la domination est affirmée avec force. La femme n’a été créée que pour l’homme, pour son bonheur, son service et pour lui assurer une progéniture.
  • Pour le christianisme, la virginité est sublimée, elle a une valeur éminente, d’ordre moral et spirituel. Elle est aussi précieuse pour les hommes que pour les femmes. Le christianisme propose aux femmes la continence, qui élèvera leur âme vers Dieu. Elles vont saisir cette opportunité pour refuser le mariage, la fonction de reproduction et disposer de leur corps. Les veuves sont les premières à en profiter et ne pas accepter de se soumettre à un second joug marital. En particulier pour celles qui se proclament « les épouses du Christ ».
  • Pour l’islam, la virginité est une composante essentielle dans les relations entre les deux sexes, elle symbolise la domination masculine dans les rapports amoureux. La virginité a une valeur symbolique qui résiste à la désacralisation contemporaine. Les textes islamiques anciens justifient la primauté masculine. L’ordre religieux et l’ordre social établissent une hiérarchie entre les êtres humains et l’homme est au sommet. La virginité féminine est une composante essentielle de la différence entre l’homme et la femme. Elle confirme et assure sa domination.

L’hyménoplastie ou une énième preuve de la domination patriarcale
L’hyménoplastie est une opération médicale pratiquée par un gynécologue ou par un chirurgien esthétique: elle permet la reconstitution définitive de l’hymen déchiré.
Une des techniques consiste à utiliser les séquelles hyménéales en les incisant et en les suturant côte à côte. L’opération se déroule sous anesthésie locale parfois accompagnée d’une sédation. En théorie, aucune trace n’est visible à la suite de cette intervention.
Cette opération chirurgicale a pour objectif de rendre à la femme une « virginité » physique. L’opération peut coûter de 200 à 3 500 euros… Elle est souvent demandée par des jeunes femmes ou par leur famille, avant le mariage, afin de s’assurer de la « virginité » de celle-ci.


La virginité est un mythe et une négation des relations LGBT+

La virginité est donc un mythe, une construction sociale et patriarcale, visant à une domination et un contrôle du corps des femmes et de leur sexualité.
En plus de tout cela, la virginité vient nier et dévaloriser toute autre forme de rapport sexuel. Si l’on veut se fier à sa définition première, on n’est plus vierge lorsqu’il y a pénétration d’un pénis dans un vagin.
Dès lors, qu’en est-il des femmes qui se masturbent avec des sextoys/leurs doigts ?
Qu’en est-il des rapports anaux, sans pénétration vaginale ?
Qu’en est-il des femmes lesbiennes ? Restent-elles « vierges » toute leur vie ?

Il faut déconstruire ce concept. La virginité n’existe pas, elle n’est la preuve de rien du tout. Une personne est vierge quand elle n’a jamais eu de rapport sexuel ou d’expérience sexuelle, FIN.
Dès lors qu’il y a jeu sexuel, préliminaires poussés (doigts, sextoys), rapport anal, rapport buccal… peut-on vraiment parler de virginité ?


Et la douleur, dans tout ça ?
Et puis, ce mythe de la douleur lors de la première pénétration…
Il est tout à fait commun que vous ayez mal lors d’une toute première pénétration. Les muscles du vagin sont élastiques, cela explique notamment le fait que les femmes pratiquant la masturbation (doigts, sextoys) ne ressentent pratiquement pas de douleur lors de la première pénétration.
Par ailleurs, une femme n’ayant pas eu de rapports sexuels durant une longue période, ressentira de la douleur quand elle en aura un, car les muscles de son vagin seront restés inactifs.

Une douleur extrême lors de sa « première fois » n’est pas NORMALE. Si vous êtes détendu.e, que votre partenaire est doux et à l’écoute, que vous êtes bien lubrifiée, il n’y aura aucune douleur. Aussi, très peu de femmes saignent lors de leur premier rapport sexuel.
Si vous avez mal à chaque rapport, n’hésitez pas à en parler à un professionnel.


N’oublions pas que lors de tout rapport ou activité sexuelle, qu’il y ait pénétration ou pas, il faut s’assurer du CONSENTEMENT de son partenaire, de COMMUNIQUER clairement ce qu’on aime et ce qu’on n’aime pas, de se PROTÉGER.

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