FÉMINISME & MILITANTISME

L’AVORTEMENT.

L’avortement est la perte d’un embryon ou d’un fœtus lors d’une grossesse.
Il faut distinguer l’avortement spontané de l’avortement provoqué. Autre cas particulier: l’interruption médicale de grossesse.

« L’avortement spontané ou fausse couche: Par définition, il s’agit du décès ou de l’expulsion hors de l’organisme maternel d’un embryon ou d’un fœtus de moins de 500 grammes ou âgé de moins de 22 semaines d’aménorrhée ou sans règles (= 20 semaines de grossesse). Si la fausse-couche survient plus tard dans la grossesse, on parle de « mort fœtale in utero ».
L’avortement provoqué, également appelé « interruption volontaire de grossesse » (ou IVG) peut être déclenché de plusieurs façons, notamment par la prise de médicaments « abortifs » ou par l’aspiration du fœtus. Les lois régissant l’accès à l’avortement (ou son interdiction) diffèrent d’un pays à l’autre.
L’interruption médicale de grossesse (IMG) est un avortement provoqué, pratiqué pour des raisons médicales, souvent à cause d’une anomalie ou d’une maladie du fœtus mettant sa vie en danger après la naissance ou entrainant de graves problèmes de santé, ou encore lorsque la vie de la mère est en danger. » @- Passeport Santé

Statistiques


L’Organisation mondiale de la santé (OMS) publie régulièrement des rapports sur les avortements provoqués dans le monde. En 2008 par exemple, environ deux grossesses sur cinq auraient été interrompues volontairement.
L’OMS estime que sur les quelque 210 millions de grossesses survenant chaque année dans le monde (chiffres de 2008), environ 80 millions d’entre elles sont non souhaitées, soit 40%.
Dans les pays en développement, plus que les échecs de contraception, c’est surtout l’absence totale de contraception qui mène aux grossesses non désirées.

Pourquoi est-ce dangereux de pénaliser l’avortement ?


Selon l’OMS, une femme meurt toutes les 8 minutes dans le monde en raison de complications liées à un avortement.
Sur les 44 millions d’IVG pratiquées chaque année à l’échelle de la planète, la moitié sont effectuées dans des conditions non sécuritaires, par une personne « qui n’a pas les compétences nécessaires ou dans un environnement non conforme aux standards médicaux minimums, ou les deux ».
On déplore environ 47 000 décès directement liés à ces avortements, 5 millions de femmes souffrant de complications après l’acte, comme des hémorragies ou des septicémies. Ainsi, les avortements non sécuritaires sont l’une des causes de mortalité maternelle les plus facilement évitables (ils étaient responsables de 13% des décès maternels en 2015).
La quasi-totalité des avortements clandestins ou non médicalisés (97%) sont effectués dans les pays en développement. À lui seul, le continent africain comptabilise la moitié de la mortalité imputable à ces avortements.
Selon l’OMS, « ces décès et ces invalidités auraient pu être évités si ces avortements provoqués avaient été pratiqués dans un cadre légal et dans de bonnes conditions de sécurité, ou si leurs complications avaient été correctement prises en charge en amont, si les patientes avaient eu accès à une éducation à la sexualité et à des services de planification familiale ».

Que ce soit sur les plans physique ou psychologique, l’avortement représente un grand challenge pour la femme qui le subit, qu’il soit provoqué ou spontané.
Je ne compte pas vous refaire l’historique de l’avortement. La rédaction de cet article a été encouragée par les lois suppressives de liberté votées aux Etats-Unis. J’ai constaté aussi qu’il y avait un gros tabou autour de ce sujet.
Par exemple, sur mon compte Instagram (@totallylau), avant d’écrire un article, je demande toujours l’avis de mes followers afin d’avoir d’autres points de vue. Mes questions sur l’avortement sont restées sans réponse. Cela s’explique par le fait que l’avortement en lui-même est mal perçu, cela un peu partout dans le monde. Il reste illégal dans de nombreux pays (SAUF cas prévus par la loi) et incrimine lourdement la mère. Les convictions religieuses y jouent aussi un rôle important.

Nous avons aussi deux groupes: les pro choice et les pro life. Autrement dit, les personnes qui pensent que le choix revient aux femmes et les personnes qui soutiennent que la « vie » est plus importante que tout.
Vous l’aurez deviné, je suis PRO CHOICE. Pour moi, chaque femme est libre de faire ce qu’elle veut de son corps. L’avortement, plus que la « perte d’un embryon », est le choix laissé à la femme de décider si oui ou non elle est prête à avoir un enfant. Les pro life défendent le fait que toute vie humaine est importante, que les personnes qui avortent sont des meurtrières, etc. Je trouve cette façon de réfléchir très erronée et dangereuse pour les jeunes filles et les femmes.
Plusieurs raisons peuvent pousser une femme à se faire avorter. Outre les raisons personnelles, se trouvent les raisons rationnelles: les moyens financiers, les conditions de vie, le fait que la mère soit prête ou non, qu’elle souhaite avoir des enfants ou non… Ces deux derniers points revêtent une certaine importance. En effet, avoir un enfant demande une préparation psychologique mais aussi financière. Un enfant, ça coûte cher, ça demande de l’attention de façon permanente et ça modifie considérablement la vie d’une personne.

Une autre idée à supprimer immédiatement: les femmes qui avortent ne sont pas irresponsables ! Plusieurs grossesses non désirées sont arrivées alors que la femme était sous contraceptif. A ce jour, aucun contraceptif n’est fiable à 100%. Il faut arrêter le blâme et le jugement et plutôt être dans la compréhension et dans l’ouverture d’esprit.
Ce sujet soulève de réelles problématiques, pour la plupart révoltantes.
Aussi, dans certains pays, une personne ne peut se faire avorter que dans deux cas: suite à un viol OU si la grossesse met sa vie en danger.
La législation de certains pays est encore plus affolante: même si la grossesse survient suite à un viol, la femme ne peut se faire avorter et encoure une peine de prison. Cet article fait l’exposé du droit à l’avortement dans le monde.

Contrairement à certaines croyances, à long terme, l’IVG n’augmente ni le risque de fausse couche, ni celui de mort fœtale in utéro, de grossesse extra utérine, ou de stérilité. Une IVG représente le choix d’une femme à disposer de son corps et à faire les choix qu’elle juge être bons pour elle.
En aucun cas l’on ne peut forcer une personne à avoir un enfant. Cela n’a aucun sens. Pénaliser l’avortement ou l’interdire revient à avoir des enfants non désirés, susceptibles de grandir dans de mauvaises conditions et dans un climat très instable. Chaque enfant mérite d’avoir des parents qui l’ont désiré, prêts à s’occuper de lui, à assurer son épanouissement personnel et à mettre à sa disposition les moyens financiers nécessaires à de bonnes conditions de vie.
Pénaliser l’avortement ne le fera pas disparaître. Cela ne rendra cette pratique que plus secrète et plus dangereuse encore. Les femmes ont toujours trouvé des moyens d’interrompre leurs grossesses et cela ne s’arrêtera pas « parce que la loi l’interdit ».

Quelques articles intéressants:
Sur la politique régressive et misogyne de Donald Trump ici
Sur l’avortement et la religion ici ; sur l’avortement en France ici

N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.

Simone de Beauvoir

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