DÉVELOPPEMENT PERSONNEL

ET SI NOUS PARDONNIONS A NOS PARENTS ?

Devenir adulte, c’est se poser la question de sa dette et de ses rancœurs à l’égard de ses géniteurs.
Pardonner à ses parents, c’est les acquitter et poursuivre sa route. C’est une démarche de libération personnelle, sans forcément rêver de retrouvailles. On pardonne sans absoudre, parfois même sans comprendre. Le pardon nécessite un tel effort… il reste, toutefois, libérateur.

Aujourd’hui, nous discutons des relations parents/enfants, plus précisément dans nos sociétés africaines.
Il s’agit d’un sujet très délicat, qui peut faire remonter de vieilles rancoeurs ou encore vous rappeler de mauvais souvenirs. Pourtant, pour pouvoir avancer, il faut parler de ces choses là et surtout s’en libérer. Nous sommes de jeunes adultes maintenant, c’est notre devoir de mettre en lumière les mauvais côtés de nos relations avec nos parents mais surtout d’avoir la force et le courage nécessaires pour avancer.
Je me suis inspirée de ma propre expérience mais j’ai aussi demandé l’avis de mes followers sur Instagram (@totallylau). Plusieurs sondages ont été proposés, il y a eu environ 430 votants. J’ai été amenée aussi à discuter avec une cinquantaine de personnes en privé, qui se sont ouvertes à moi et avec lesquelles nous avons abordé ce sujet plus sérieusement.
Cet article sera assez long, alors je vous invite à vous asseoir confortablement. Si vous avez quelque à rajouter ou si vous voulez tout simplement en discuter, je suis disponible sur IG.
Allons y !

Dans nos sociétés africaines, nos parents ont la place de dieux, cela peut être à tort. Nous les mettons sur un piédestal, parce que ce sont nos géniteurs, parce que nous leur devons la vie, parce que tout ce que nous avons, c’est grâce à eux. Nos parents, suivant qu’ils soient plus ou moins présents dans nos vies, sont nos premiers modèles. Leurs volontés et leurs désirs, pour nous, le droit de veto qu’ils se sont tous seuls attribués, conduit bien des fois à des enfants qui grandissent en étant plein de rancoeur et de ressentiment.

Concernant nos relations avec nos parents…

La majeure partie des votants ont reconnu avoir de bonnes relations avec leurs parents. Plusieurs m’ont précisé que leurs relations ne s’étaient améliorées qu’une fois passé le baccalauréat. En effet, tes parents commencent (généralement) à te percevoir comme un jeune adulte à ce moment-là. Ils te donnent alors l’espace nécessaire pour avoir tes propres expériences mais aussi apprendre de tes erreurs.
Mes parents m’ont très, très vite responsabilisée. Et aujourd’hui encore je leur en suis reconnaissante. Car oui, les principes et valeurs que l’on tient de nos parents forgent notre caractère, dictent nos actes et définissent la personne que nous sommes.

Bien entendu, nos parents auraient pu mieux faire. Ici, il est fondamental de se poser la question suivante: pour chaque mot dit, chaque acte posé par votre mère ou votre père, quelle était sa motivation ?
Deux réponses possibles:
1) Soit ce mot ou cet acte était motivé par l’amour de votre parent: vous pouvez aisément comprendre qu’on ne peut reprocher à un parent de (trop) aimer son enfant. Leurs actes ne sont pas parfaits, ce ne sont pas des êtres parfaits. Mais ils s’attèlent tant bien que mal à l’être pour nous.
2) Soit ce mot ou cet acte était motivé seulement par la critique, la méchanceté: dans ce cas là, il y a un problème. Se sentir juger par les personnes dont l’approbation est la plus importante peut laisser de grosses séquelles chez des enfants en plein développement.
Le problème ici, c’est que bien trop souvent, nos parents ne font pas l’effort d’être meilleurs que les leurs. Ils recopient bêtement et à tort les mécanismes utilisés par leurs parents. Ils se disent « en ayant reçu cette éducation, j’ai plutôt bien tourné alors ça devrait fonctionner pour mes enfants aussi! »
Faux, faux et faux. Chaque enfant est différent et a des besoins différents. Votre devoir en tant que parent c’est d’être un pilier, une épaule sûre, une personne en laquelle on peut se confier en tout temps.

AUTRES PROBLEMATIQUES…

La masculinité toxique
Utilisé en psychologie mais aussi dans les études sur le genre, le concept de masculinité toxique fait référence à certaines normes du comportement masculin. Celles-ci sont associées à un impact négatif sur la société et sur les hommes eux-mêmes. En effet, divers stéréotypes dépeignant les hommes comme socialement dominants, accompagnés de misogynie et d’homophobie, peuvent être considérés comme toxiques en raison de leur promotion de la violence, incluant l’agression sexuelle et la violence domestique.
De plus, l’autonomie et la répression des émotions qui se traduit par le fait que l’on enseigne aux petits garçons qu’ils ne peuvent pas exprimer ouvertement leurs émotions, qu’ils doivent se montrer durs, que leur manque de courage les rend féminins ou faibles, permet de développer et de nourrir cette masculinité toxique.
En d’autres termes, les adages du type « Un garçon (homme) ne pleure pas », parmi tant d’autres, encouragent nos frères, amis et partenaires à ignorer/dissimuler leurs sentiments, parfois même à en avoir honte.
Avoir des sentiments et les montrer, ce n’est pas féminin, c’est humain. L’intelligence émotionnelle s’acquière dès le jeune âge et se trouve être un outil indispensable dans la vie d’une personne (un article que je vous conseille).

Le favoritisme et le sexisme dans la fratrie
Très souvent, dans une famille nombreuse, les parents font preuve de favoritisme envers un enfant et délaissent les autres. La plupart du temps, ils sont durs avec les aînés et laxistes avec les cadets. Ce déséquilibre se ressent fortement dans la construction émotionnelle de l’enfant et dans ses rapports avec les autres.
Le sexisme, quant à lui, s’exprime de bien des manières. Déjà, genrer les tâches ménagères: les filles font la cuisine et le ménage pendant que les garçons sont libres de jouer ou de regarder la télé. Inversement, on interdit aux garçons d’accéder à la cuisine ou de participer à des jeux « féminins » (suivez mon regard).

La violence physique mais aussi psychologique
L’éternel débat des corrections physiques. Pour MOI, la violence n’est pas la solution et ne le sera jamais. Cela ne sert absolument à rien de frapper un enfant, sinon lui apprendre à s’exprimer par des actes violents au lieu d’utiliser les mots. Bien souvent, une fessée ou une gifle n’est que le résultat d’un parent en colère qui a perdu patience. Cela entretient un climat de peur, inutile et toxique pour le jeune enfant. De plus, cela continue souvent jusqu’à l’adolescence. De jeunes adolescents, qui apprennent à devenir des adultes responsables et safe, se voient encore subir des corrections physiques par leurs parents, qui privilégient cette méthode là à une discussion ouverte et sincère.
Je vous invite à lire cet article très intéressant.

COMMENT NOS RELATIONS AVEC NOS PARENTS AFFECTENT NOS RAPPORTS AVEC LES AUTRES

Le plus alarmant avec cette question, c’est qu’à un moment, pour 129 votants, il y avait 100% de NON.

Autre question:

Le fait que nous refusions de reproduire les schémas relationnels de nos parents en dit beaucoup sur notre génération. En effet, plutôt que de répéter leurs erreurs, nous essayons aujourd’hui de faire mieux, non seulement dans nos vies amoureuses mais aussi dans nos relations avec nos (futurs) enfants.
Cependant, ces schémas là conditionnent notre façon de voir les choses. Aussi, un enfant ayant grandi avec des parents séparés aura un regard critique sur le mariage. Autre exemple, un enfant qui aura vu l’un de ses parents souffrir d’infidélité aura des problèmes lorsqu’il s’agira de faire confiance à une autre personne.
En d’autres termes, le climat dans lequel l’enfant grandit l’influence tout au long de son adolescence mais aussi et surtout dans la vie adulte, quand il doit prendre des décisions émotionnelles importantes. Et cela, très peu de parents en sont conscients…

COMPRENDRE SES PARENTS POUR MIEUX LES ACCEPTER

Je retiens des différents échanges et réponses que j’ai eus, que bon nombre d’entre nous ont beaucoup de ressentiment à l’égard de leurs parents. Cela s’explique notamment par le fait que nous soyons la « nouvelle génération ». Autrement dit, nous sommes conscients que les corrections physiques ou les menaces verbales ne sont pas des moyens d’éducation efficaces. Du fait de l’évolution de la société, des mentalités, de l’influence sans cesse grandissante des sociétés occidentales, nous savons aujourd’hui qu’un enfant a le droit de s’exprimer aussi librement qu’un parent.
Malheureusement, nous ne pouvons en vouloir à nos parents pour leurs méthodes archaïques… Ces derniers, je le rappelle, ont grandi dans une société extrêmement différente de la nôtre, où les esprits n’étaient pas aussi ouverts, où la voix des enfants ne comptait pas.
Leur faute se situe là: plutôt que d’établir leur propre modèle de parenting, ils se sont contentés de reprendre les (mauvaises) habitudes de leurs géniteurs. En effet, comme je le disais plus haut, chaque enfant est différent et a des besoins différents. Il faut en tenir compte aussi dans toutes les fratries (voir Favoritisme et sexisme plus haut).
Accepter ses parents, c’est faire le deuil d’un parent idéal, au même titre que les parents doivent, inévitablement, faire le deuil de l’enfant idéal.
Accepter que papa et maman ne soient pas parfaits, c’est prendre sa place dans une lignée, dans une généalogie pleine de failles, où des générations de parents ont fait ce qu’ils pouvaient, comme ils pouvaient, avec leurs propres souffrances et leurs propres ressentiments. Grandir, « c’est faire avec ce qu’ils sont », nous dit Maryse Vaillant, auteure de « Pardonner à ses parents » (disponible sur Amazon). L’acceptation des failles parentales est une des voies ordinaires de la maturité, celle qui permet de sortir du cocon de la dépendance première. Mais rompre ces liens-là, grandir tout simplement, est douloureux. Rester dans l’enfance affective, c’est rester dépendant du regard des parents sur nos vies.
On n’apprend pas à devenir parent. On le devient grâce ou en dépit des relations que l’on a soi-même entretenues avec ses propres géniteurs. Et c’est en mesurant cette chaîne généalogique et en y tenant sa place, le jour venu, avec ses propres enfants et les reproches qu’ils nous feront, que l’on prend le chemin de l’acceptation.
Après tout, conclut Caroline Eliacheff, « accepter les reproches de ses enfants, c’est se réjouir de leur avoir donné leur propre jugement et la liberté de l’affirmer ». Et c’est déjà beaucoup.

(FUTURS) PARENTS,
Retenez que vous aimez votre enfant et que vous voulez le meilleur pour lui.
Oubliez cependant vos désirs personnels et essayez d’être une lumière, une voix sage, de bon conseil pour votre enfant, en l’encourageant sur la voix qu’il souhaite prendre. Et s’il se trompe, ne le jugez pas trop fort. Un parent aime, écoute, soutient, encourage, réconforte, pardonne, apprend et ne cesse de s’améliorer. Si cela vous semble trop compliqué, alors vous avez encore du travail à faire.

ENFANTS,
Apprenez à communiquer. Ouvrez vous, n’ayez pas peur d’être jugé ou rejeté. Soyez vous même, vivez votre vérité.
Pardonnez, comprenez, commencez et recommencez ! Nous pensons avoir une éternité mais certains d’entre nous n’ont pas le luxe de parler de leurs parents au pésent. La vie telle qu’elle est faite, est futile et éphémère. Saisissez tous les moments qu’elle vous offre, tirez-en le meilleur et travaillez sans cesse à être de meilleures personnes.

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