CHRONIQUES

Une histoire à Athènes – Part 2

Son odeur est boisée, sa voix suave et son sourire toujours aussi contagieux. Il m’emmène d’abord à Plàka, l’un des plus vieux quartiers de la ville, situé au pied de l’Acropole. Aujourd’hui rempli de boutiques et de restaurants, Plàka a gardé son charme et son architecture. Serge me dit qu’il vit là depuis 4 ans. Il a vécu avant en France, en Allemagne et même en Italie. Alors pourquoi la Grèce ? Je m’étonne de ce choix si singulier. Visiter ce pays est une chose, décider d’y vivre en est une autre.

« Parce que c’est là que je dois être, en ce moment. Bientôt, ce ne sera plus le cas. »

En l’observant, je me rends compte que Serge est comme moi. Il se laisse porter par l’Univers, il s’assure de faire ce qu’il doit faire. Il prévoit pour demain mais pas trop… car il sait que tout peut changer, que rien n’est figé.

Serge est ambitieux. Il me raconte ses nombreux projets, sa vie assez triste et solitaire dans un Athènes raciste et misérable. Malgré tout, il reste optimiste. Il me dit « J’ai encore trop de choses à accomplir, il reste encore des marches à gravir. »

Nous continuons notre visite dans le silence. Nous descendons vers la rue Ermou, rue où se trouvent pratiquement toutes les boutiques. On flâne un peu, il me raconte quelques anecdotes sur le quartier. Son téléphone sonne, il décroche et entame une conversation assez animée, en grec. Il a l’air troublé. Son énergie, pourtant, m’enveloppe toujours aussi sereinement. Je suis tellement concentrée que je m’engage sur une voie alors que le feu passe au vert. Je le sens me retenir par le poignet et m’attirer doucement vers lui. Et là, aussi stupéfiant que cela puisse paraître, je n’ai aucune envie qu’il me lâche.

Pourtant, son étreinte se desserre doucement. Il a l’air gêné, il s’excuse. De quoi ? Je ne sais pas. Il met fin à son appel.

« Je dois partir. J’avais un rendez-vous et je suis déjà très en retard. Tu veux qu’on se voit ce soir ? »

Avec un grand sourire, je lui prends son téléphone et j’y enregistre mon numéro. Oui, je suis audacieuse, je sais.

Je redescends vers Monastiraki le pas léger, en attendant avec impatience de le revoir.

En rentrant chez moi cette après-midi, je m’arrête au supermarché pour une bouteille de vin et des préservatifs. Il faut être préparée à toute éventualité.

Je passe le reste de la journée en étant mi excitée, mi angoissée. Je n’ai pas eu de « date » depuis si longtemps, je ne sais même plus les règles… si règles il y a.

A 21h, il m’appelle enfin. Je lui donne mon adresse et l’invite chez moi. Avec du recul, ça aurait pu être tellement dangereux… toute seule dans une ville étrangère, j’invite un homme rencontré deux jours avant dans la rue ? Autant le dire, je n’y ai pas beaucoup réfléchi.

Il arrive 20 minutes plus tard, encore plus beau que tout à l’heure.

« Tu veux boire quelque chose ? J’ai de l’eau ou du vin ». Serge me répond qu’il ne boit pas d’alcool. Ce sera donc un verre d’eau.

On s’assoit sur la petite terrasse aménagée au balcon. Il me raconte qu’il était au studio tout le temps, il me parle de sa musique, il me parle de ses projets. Il est passionné, cela le rend encore plus attirant. On passe de la musique à la littérature. Je lui dit que je suis amoureuse de Jane Austen. Il me raconte qu’il a toujours vu en M. Darcy un modèle.

Mon Dieu, est-ce réel ? Suis-je vraiment en train de flirter avec un homme qui a lu Jane Austen ? Peut-il être plus parfait ?

De la littérature à la politique, de la politique aux issues climatiques. Je me sens bien avec lui, j’apprécie qu’on puisse naviguer sur tous ces sujets en ayant des points de vue souvent différents.

« Tu veux pas qu’on rentre ? Il commence à faire un peu froid… » oh, n’est-il pas entreprenant ? Il se lève et me prends par la main. Il me ramène tout doucement vers lui et me regarde. Il est beaucoup trop grand, je me hisse sur la pointe des pieds et je l’embrasse tout doucement. Ses lèvres sont douces… il s’éloigne et me serre encore plus fort contre lui.

On se dirige vers la chambre. Je mets de la musique et j’allume la lampe de chevet. Je ne me laisse même pas le temps d’y réfléchir, il y a cet homme magnifique arrêté devant moi et j’ai terriblement envie de lui.

Il s’approche lentement, en soutenant mon regard. On se retrouve sur le lit, à moitié nus. Il m’embrasse dans le cou, me caresse le dos, m’enlève ma culotte… je sens son souffle, tandis qu’il se fraye un chemin en embrassant chaque morceau de peau qu’il trouve. J’écarte timidement les jambes, je me sens dégouliner sur mon lit. Je lui tends un préservatif, je n’en peux plus. Je me rends compte que j’attendais ce moment depuis ce matin.

Il m’embrasse tendrement et je le sens tout doucement en moi. Qu’est ce que c’est bon… Il y va tout doucement d’abord, puis un peu plus vite. Mes bras autour de son cou, nos hanches se rencontrent à chaque va-et-vient. Nos corps communient tous les deux jusqu’au bout de la nuit, jusqu’à ce que nous n’en pouvions plus, jusqu’à ce que nous soyons tous les deux repus, jusqu’à ce que nous tombions tous les deux de sommeil.

Pour cette quatrième journée dans la capitale grecque, je décide de travailler un peu. Serge est parti assez tôt, je n’en avais pas envie mais il m’a dit, tristement, « si je ne travaille pas, je ne mange pas ».

Je me suis rendue compte que chacun de nous, à son échelle, avait un combat à mener.

Ce soir-là, Serge m’invite dans un bar sur la place Monastiraki, le 360 Degrees, avec une vue incroyable sur l’Acropole. Illuminée la nuit, elle est encore plus belle. Après 3 Mojitos et un Mastic Shirley (je vous le recommande fortement, si jamais vous passez par là), j’ai juste envie de me retrouver encore une fois dans ses bras. Le lendemain, je pars pour Santorin et je ne le reverrai sûrement jamais.

Dès qu’on eut passé la porte de mon appartement, je lui ai enlevé sa chemise. Il a éclaté de rire et m’a stoppée dans mon élan.

« Moi aussi j’ai envie de toi, moi aussi j’ai envie de te goûter et de t’embrasser, mais laisse moi prendre mon temps. Je veux te faire l’amour, je veux redécouvrir ton corps, je veux que tu te souvienne de moi. »

Je me suis liquéfiée. Comment résister ? M’allongeant sur mon lit, je le regarde se déshabiller, puis me déshabiller. Je le regarde me dévorer. Je le regarde m’aimer. Je laisse mon corps rencontrer le sien, je laisse mon énergie embrasser la sienne et je m’endors, encore une fois, dans ses bras.

Mon réveil a sonné à 5h. Il fallait que je sois au port du Pirée à 6h30. Serge était déjà parti. Je me prépare assez mécaniquement, mon esprit occupé par une playlist choisie au hasard sur Spotify.

J’ai admiré sa passion, j’ai envié son courage. J’ai apprécié ces deux jours intenses qu’il m’a fait vivre. Une rencontre totalement inattendue, vibrante, qui m’a appris sur moi, sur autrui.

Je penserai toujours à lui, quand je penserai à Athènes. Il aura rendu cette ville plus belle.

From Athens, with love.

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